Lorsque le christianisme fait son apparition en Africa, de façon clandestine d'abord, les Berbères embrassent en nombre cette religion qui prêche la fraternité, l'abolition de l'esclavage, l'amour des plus pauvres, et dont les adeptes sont traqués et martyrisés par l'autorité d'occupation.
De nombreux martyrs tombent sur les dalles des nouvelles villes. Avec Constantin, le christianisme devient religion officielle (323); en Berbérie, l'Eglise penche alors fortement du côté des hérésies, par un constant réflexe d'opposition à la puissance coloniale.
Le mouvement donatiste, qui déchire les communautés chrétiennes, est fondamentalement un mouvement révolutionnaire. (Comme fut révolutionnaire le soulèvement éphémère des " circoncellions ", groupement anarchique de paysans pauvres et d'ouvriers agricoles 360-375.)
Pour enrayer le schisme, il faudra la fougue et le talent inspiré d'Augustin, berbère romanisé, né à Souk Ahras et devenu évêque d'Hippone.
Vandales
En un an (429-430), les Vandales s'abattent de Tanger sur Carthage.
Après avoir débarque en Tingitane (Maroc), ils pénétrèrent à l'est. On constate qu'au passage ils détruisirent les muailles de Caesarea (Cherchell) la capitale de la Maurétanie ; celles de Tipaza furent rasées méthodiquement à une hauteur uniforme.
Ils sont 50 000, pense t-on. Leurs actes valent que leur nom reste attaché à une nouvelle forme de domination : le " vandalisme ". Une minorité impose sa dictature. Les ponts sont coupés avec l'Italie. L'économie en est bouleversée ;
Le blé, l'huile ne s'exportent plus. La prospérité coloniale devient un souvenir. Les persécutions religieuses redoublent: contre les catholiques, cette fois, au nom de «l’ arianisme».
Près de quatre-vingt-dix évêques africains périssent en deux ans. A Tipasa, les fidèles refusent de reconnaître l'évêque arien et s'enfuient vers l'Espagne ; ceux qui ne peuvent s'échapper ont la langue coupée...
Profitant de ces troubles sanglants, du petit nombre des guerriers vandales et de l'amollissement des successeurs de Genséric, gagnés par les délices de Carthage. les Berbères des montagnes - en premier les Aurassi, qui ne sont jamais en retard d'une rébellion - s'émancipent peu à peu et se regroupent en confédération. Aux V et VI siècles, on compte six royaumes berbères ainsi ressuscités de leurs cendres.
Ils ont des alliés dans les tribus guerrières du Sud dont les dromadaires de choc sèment la terreur chez l'ennemi.
En Numidie, ils parurent s'installer : ce fut le siège d'Hippone, où mourut Saint Augustin. Puis ils repatirent et s'installèrent en Tunisie ou ils resteront un siècle.
Les Circoncellions
Mais le phénomène le plus marquant de ce Vème siècle fut la révolte de la population montagnarde. Ceux de l'Aurès prirent et détruisirent Timgad vers 477.
Les Circoncellions ne cesseront pas leur révolte et vers le milieu du siècle ils joignent leurs efforts à ceux des Donatistes pour mener une lutte commune.
Byzantins
Dans la lointaine Byzance, l'empereur Justinien rêve de la gloire de Rome.
Une expédition est montée pour reconquérir l'Africa. Bélisaire débarque en 533 à Mahdia (Tunisie), prend Carthage, anéantit les restes de l'armée vandale.
Le règne d'une nouvelle administration étrangère commence.
Mais le pouvoir impérial n'est guère effectif au-delà des grandes villes et de la zone du littoral.
Dès 534, les rois berbères s'opposent aux nouveaux arrivants. Salomon, commandant les armées byzantines. doit d'urgence fortifier les villes, même celles des confins du désert, comme Tolga, et construire une série de places fortes pour bloquer les débouchés de la montagne : Timgad. Madaure, Tigis, etc.
En 544, il est tué au combat.
Rapidement, l'administration byzantine se replie sur la partie orientale de l'Africa. Les Etats berbères gagnent en autonomie et en puissance. Pour peu de temps...
En 647, lorsque les Arabes pénétrèrent pour la première fois dans le Maghreb, ils trouvèrent une province affaiblie par son isolement.
