Huit cent quatre kilomètres de bitume bordé de cailloux séparent Bechar de Tindouf. Abadla, où bifurque la route d'Adrar-Hamaguir, qui fut la base de lancement des premiers satellites français, sont les derniers centres habites sur cette route du bout du monde.
Au-delà d'Hamaguir, il reste encore la bagatelle de six cent quatre-vingt deux kilomètres de reg à traverser. La chaussée est excellente, mais le pays n'en demeure pas moins celui des mirages et du cauchemar.
Adieu le beau Sahara aux somptueuses palmeraies. aux « gour » roses dressés sur l'horizon, aux dunes orangées « fumant» sous la brise, aux gorges grandioses au fond desquelles brille l'eau précieuse d'une guelta. aux massifs mystérieux hérissés de pics gris, verts ou noirs. Ici rien de tel : des heures et des heures de cailloux.
Au bout d'une telle route, Tindouf, chétive Tindouf, maigre, brûlée sous le soleil, silencieuse dans sa solitude, Tindouf apparaît comme un sourire.
Tindouf attend que revienne le mois de mai. Ce point perdu dans le grand désert devient alors lieu de rassemblement.
De très loin, les nobles Reguibate drapés de sombre et les Maures Tadjakant, leurs adversaires d'hier, convergent vers la petite oasis où se tient le « mougga » , la foire et la fête.
Se déroulent alors les jeux, les danses et le grand marché de l'artisanat de ce que tout l'0uest africain compte encore de nomades.